Cet article constitue les notes de l’épisode du Podcast de Kristelle n°132 : Miriam Felix : prévention et éducation à la sexualité.
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Miriam Felix est consultante en santé sexuelle infantile chez les – de 12 ans.
Ensemble, on a parlé de la prévention des agressions sexuelles sur les enfants, de comment parler de sexualité à son jeune enfant pour ne pas se retrouver démuni quand arrivent leurs 13 ans et qu’on se rend compte qu’il va falloir avoir certaines conversations importantes, on a aussi parlé de violence sexuelle entre enfants, un sujet extrêmement tabou et pourtant tellement important, et bien sûr du consentement dans la vie de tous les jours avec nos enfants. Ce sont des sujets parfois difficiles mais passionnants et surtout nécessaires, et que nous abordons l’une et l’autre non pas comme des vérités absolues à suivre à la lettre, mais plutôt comme une invitation à cheminer, à se questionner et à ouvrir la réflexion là où ça fait sens pour vous
Durant l’épisode, Miriam a cité 3 formations :
- La fondation Marie-Vincent, qui soutient les enfants et adolescents victimes de violences sexuelles, et proposent aussi de la formation.
- Chaire UNESCO, mini-mooc sur les droits humains et la santé sexuelle
- L’IARE, l’institut de l’accompagnement respectueux de l’enfant.
Elle a également cité plusieurs associations, personnalités et collectifs autour de la protection de l’enfance :
- OVEO : l’ Observatoire des violences éducatives ordinaires
- Marine Manard, docteure en neuropsy, spécialisée neurosciences (son instagram : click), autrice du livre Eduquer sans violence.
- Droit au corps, une association pour l’abandon des mutilations sexuelles, lorsque nous avons parlé de la circoncision
- Le collectif Enfantiste qui milite contre les violences faites aux enfants et adolescents et dénonce l’adultisme dans notre société
- Et la CIIVISE : la Commission Indépendante contre l’Inceste et les Violences Sexuelles faites aux Enfants
Les temps forts de l’épisode :
- “Je suis consultante en santé sexuelle infantile et prévention des violences et je suis spécialisée chez les moins de 12 ans. J’accompagne des familles, par exemple sur l’éducation à la sexualité, mais c’est pas ce qui revient le plus. Le plus souvent, les gens viennent me voir quand il y a des drames ou des situations compliquées, complexes, difficiles à vivre, des situations où les parents ou les professionnels n’ont pas forcément les ressources et les compétences pour pouvoir y répondre.”
- “Les violences sexuelles entre enfants, il y en a beaucoup, c’est un gros tabou, encore plus que la santé sexuelle infantile, encore plus que les violences faites aux enfants par les adultes, celle entre les enfants c’est très très peu étudié et très très peu nommé. Les parents viennent me voir pour ça essentiellement [inceste, violences sexuelles], et parfois c’est tout simplement parce qu’ils s’inquiètent d’un comportement qui les alarme et en fait ce n’est pas du tout un comportement problématique, c’est un comportement tout à fait normal du développement de l’enfant, mais les parents ne le savent pas forcément.”
- “On n’est pas sur des enfants agresseurs, moi je ne parle jamais d’enfants agresseurs, je parle de comportements agressifs car je n’aime pas catégoriser les enfants comme des agresseurs. Lorsqu’ils ont ce type de comportements, c’est qu’ils ont vu, qu’ils reproduisent, ou encore qu’on leur a déjà fait.”
- “Dans la petite enfance, il y a pourtant plein de thématiques qu’il faut aborder, comme l’anatomie, en utilisant les bons mots pour parler des parties intimes. Ça c’est important : ça va vraiment permettre à l’enfant de pouvoir comprendre son corps […], qu’ils connaissent les bons mots, et c’est aussi important dans la prévention des abus, parce qu’un enfant qui dit un potentiel agresseur “Je ne veux pas que tu touches mon s3xe”, ça a tout de suite un impact beaucoup plus fort que la zézette : l’enfant connaît, donc l’enfant discute, donc l’enfant échange, donc l’enfant peut répéter. Ça peut éviter des situations à risque.”
- “En matière de violence sexuelle, on ne peut pas protéger à 100% son enfant. Tu peux faire de la prévention mais c’est une erreur de dire qu’on peut protéger absolument son enfant de toute violence sexuelle : à part le mettre dans une cloche. Tu ne peux pas l’empêcher de vivre des expériences de vie. Quand ton enfant de 11 ans, 12 ans veut aller en colo, même s’il y a de la prévention, de l’éducation à sexualité si une agression arrive, elle arrive. Par contre tu peux faire en sorte que ton enfant dévoile.”
- “Tu sais, le fameux pouet-pouet-camion, les garçons attrapent les filles et puis en fait tu te fais bloquer dans un préau, dans les toilettes, voilà. On est beaucoup de femmes et de garçons aussi, à avoir vécu ce genre de scènes traumatisantes qu’on a, en fait, totalement intégrées comme étant des comportements normaux et et des activités normales alors que pas du tout.”
- “Il y a plein de sujets à aborder dès la petite enfance, en fait l’éducation à la sexualité, plus tu commences tôt, plus c’est facile de pouvoir aborder le sujet, et tu n’es pas à 13 ans en train de te dire “Mais comment je vais lui parler de ça?” parce que c’est la continuité, c’est comme si tu n’accompagnais jamais ton enfant sur le langage, et que tu te mettais à lui parler à 8 ans, il y aurait de l’incompréhension, et bien c’est exactement pareil. Les préados peuvent dire : “Mais pourquoi tu me parles de ça, c’est l’intimité, mais tu m’as jamais parlé de ça, c’est gênant”. Alors qu’en fait si t’en parles de façon assez ouverte, tout en respectant l’intimité de l’enfant évidemment, plus tu commences tôt, plus c’est facile par la suite d’enclencher la discussion et la communication sur le sujet.
- “Le décalottage forcé, beaucoup de parents le font en pensant bien faire, en pensant que c’est nécessaire. C’est une erreur, c’est une énorme erreur, ça crée des traumas physiques, physiologiques et psychiques. Sauf qu’aujourd’hui tu as encore plein de médecins traitants et de pédiatres qui vont te dire qu’il faut décalotter, qui vont prescrire de la cortisone, alors qu’en fait l’anneau préputial n’est pas prêt à être décalotté à 2 ans ou 3 ans, c’est hyper violent pour le corps ! Le pénis finit son évolution à la fin de l’adolescence. Donc même si l’enfant ne décalotte pas complètement à 8 ans, c’est pas grave (sauf s’il y a des douleurs évidemment).”
- “Le 1er levier pour parler de consentement avec les jeunes enfants, c’est le jeu. Avec les petits le jeu va permettre d’ancrer les choses. Ils jouent, ils intègrent, ils jouent, ils apprennent. Le 2ème levier, c’est l’exemplarité, c’est à dire respecter le consentement de ton enfant, et que tu demandes aussi à ton enfant de respecter ton consentement (en cohérence avec l’âge de l’enfant). L’enfant absorbe tout ça ! Et le 3ème c’est de le nommer, et de répéter, car l’enfant fonctionne à la répétition. C’est ça qui crée l’ancrage éducatif.”
- “Quand tu deviens adulte, et que tu as grandi dans une éducation où on t’a toujours dominé, où le rapport de force avec tes parents était tout le temps tendu, que le parent se positionnait toujours au-dessus de l’enfant, et bien à force, tu finis par tout accepter. [Et une fois adulte], tu ne sais pas dire non, parce que tu ne t’écoutes plus. Et ça, l’enfant le voit aussi. Il se dit “Maman ne dit jamais non à personne”. Et pourtant il voit bien que ça quand ça nous embête, parce que quand on rentre, on dit à notre partenaire : “J’ai pas envie, j’ai dit oui mais j’aurais pas dû.” Tout ça, c’est aussi du consentement.”
- “Quand on fait de l’éducation à la sexualité, il ne faut pas tomber dans le prisme de penser qu’on ne fait de l’éducation à la sexualité que pour prévenir des violences, surtout à l’adolescence. Le but n’est pas de dire à l’enfant : “Attention, la sexualité c’est que du mal”. Ce n’est pas ça ! On fait aussi de l’éveil, à la compréhension, au corps, à l’autre.”
- “160 000 enfants victimes de violences sexuelles chaque année, c’est 160 000 enfants qui ont été écoutés, qui ont été reçus et qu’on a pu recenser. Faut bien se dire, à mon sens, qu’il y a deux, voire trois fois plus d’enfants. On dit que c’est 1 enfant toutes les 3 ou 4 minutes qui est victime de violences avec forcément des pics la nuit et en soirée, mais pour moi, c’est encore un chiffre qui est de-ça de la réalité. Les chiffres, ça permet de pouvoir donner une idée aux gens de ce qui se passe, mais ce n’est pas suffisamment travaillé : la parole de l’enfant n’est pas suffisamment écoutée et crue. Elle n’est pas suffisamment accompagnée. Il n’y a pas suffisamment de professionnels et de parents formés au dévoilement, pour savoir comment on fait quand un enfant nous révèle une violence. Qu’est-ce qu’on va mettre en place ? On dit que c’est trois enfants par classe. Encore une fois, moi, je pense que c’est une erreur. C’est beaucoup plus. Je le vois en atelier, en fait.”
- “On vit en société. Donc l’action sur la collectivité, elle est importante. C’est grâce à ça qu’on va pouvoir créer une société plus secure, plus responsable, plus à l’écoute de l’autre. Donc ce que l’on peut faire, c’est donner des livres sur ces sujets dans les bibliothèques, pour créer un accès à ces ressources. […] Et puis c’est aller dans les collectifs, comme le collectif Enfantiste. Il faut y aller avec ses enfants, montrer qu’on est là, qu’on défend les enfants. On peut aller dans son école, et proposer une intervention sur le sujet, avec un.e intervenant.e formé.e. C’est comme ça que les choses évoluent.”
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