Pourquoi mon enfant de 3 ans s’oppose tout le temps ? Et comment réagir sans menaces ni cris ?

C’est une question qu’on me pose souvent… et pour cause : autour de 3 ans, beaucoup de parents traversent une période d’opposition intense avec leur enfant. On parle parfois du threenager – une phase où l’enfant semble dire “non” à tout, tester les limites, et rendre le quotidien épuisant. Mais est-ce un cap “normal” ? Que vient-il exprimer ? Et surtout, comment y répondre sans tomber dans les menaces, les ultimatums ou le chantage ?

Je vous explique pourquoi cette phase est en fait une bonne nouvelle sur le plan du développement (oui, vraiment !) – et comment on peut l’accompagner avec plus de sérénité. On parlera de l’équilibre entre attachement et exploration (Bowlby), d’autonomie et de coopération (Deci & Ryan), et de solutions concrètes à tester dès aujourd’hui à la maison.

 

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Threenager, menaces et coopérations : comment réagir quand notre enfant “n’écoute plus” ?

“Nous avons beaucoup de mal à faire respecter les limites ici depuis quelques semaines… On doit beaucoup répéter et en venir à menacer : ‘si tu fais pas ça, on ne fera pas ci’. Ça finit dans la frustration pour tout le monde, malgré toutes les connaissances qui nous ont aidés à ne pas crier jusque-là.”

C’est la question qu’une maman m’a posée lors de l’atelier “J’arrête de crier”. Une question à la fois intime, épuisée, lucide, et partagée par tant de familles.

Et tout de suite, elle ajoute une hypothèse : “Est-ce le fameux threenager ?”
Alors avant de chercher comment éviter les menaces, faisons un détour très utile par… le développement de l’enfant.

1. 💥Terrible two ? Threenager ? Et si c’était une bonne nouvelle ?

Oui, cette phase d’opposition est connue. Et si elle est pénible à vivre au quotidien, elle est aussi une excellente nouvelle sur le plan du développement : c’est une étape normale dans la construction psychique de l’enfant. Comme je le dis si souvent au sein de Familles Apaisées (et partout ailleurs),

OPPOSITION = AFFIRMATION = MON ENFANT SE DEVELOPPE !

Vers 2–3 ans, l’enfant entre dans une phase d’affirmation : il découvre qu’il est une personne à part entière, différente de ses parents. C’est le début de l’autonomie, de la volonté propre, des choix affirmés, des négociations… et parfois des tempêtes.

Et même si ça ne se voit pas toujours, les jeunes enfants veulent coopérer. Les enfants sont le plus souvent coopératifs, ils font de leur mieux pour répondre aux demandes des parents : notre cerveau d’humain est “câblé” pour reproduire ce que font nos figures d’attachement, et pour adhérer aux règles du groupe dans lequel on s’inscrit (nous sommes un animal social, tribal). Les enfants se construisent donc au sein du groupe dont ils font partie, en reproduisant les comportements des autres membres du groupe, et en coopérant avec eux le mieux possible.

Mais ce même enfant a aussi un besoin inné d’exploration, et durant ces phases d’affirmation, notre enfant construit son identité différenciée au sein du groupe, il va nourrir son besoin d’exploration et d’autonomie, et il va donc vouloir faire les choses d’avantage par lui-même, pour lui-même, et beaucoup moins pour répondre aux demandes de ses proches.

C’est cette tension entre coopération et différenciation qui crée ce ballet délicat que l’on vit au quotidien : un enfant qui veut à la fois coopérer… et faire autrement.

 

2. Que faire quand l’enfant “n’écoute plus” ?

Quand notre enfant est dans une phase d’affirmation plus intense, il y a quelques leviers très efficaces à explorer, au général, à la fois pour réduire le recours aux menaces… et pour restaurer une coopération plus apaisée.

1. ✋ Repenser le cadre

Quand une règle est sans cesse contestée, c’est souvent le signe qu’elle mérite d’être revisitée.
Exemple : si le temps d’écran provoque une lutte de pouvoir continue, on peut se demander si le cadre est clair, réaliste, adapté à l’âge, et surtout expliqué.

👉 À cet âge, redéfinir les règles AVEC l’enfant (dans une certaine mesure) peut renforcer sa motivation intrinsèque, comme le suggère la théorie de l’autodétermination (Deci & Ryan)

 

2. 🧭 Renforcer autonomie et responsabilité

Les enfants ont besoin de sentir qu’ils grandissent, qu’ils sont capables. On peut :

👉 Cela nourrit deux des trois grands besoins psychologiques fondamentaux : le sentiment de compétence, et celui d’autonomie.

 

3. 🧘‍♀️ Limiter nos demandes

Paradoxalement, plus on multiplie les injonctions pendant une phase d’opposition… plus la résistance augmente.

➡️ Moins, c’est mieux : on pose quelques limites claires, et on accepte de lâcher le reste : c’est choisir nos batailles et se concentrer sur les demandes essentielles, en laissant pour un temps les autres de côté (pas facile, je sais !).

👉 Moins de demandes entraîne moins de résistance, ce qui adoucit le quotidien pour nous comme pour notre enfant, qui se sent plus entendu et moins contraint par la vie du groupe/famille.

Attention : ici, cela ne veut pas dire que l’on n’attend plus rien de notre enfant, ni que les règles disparaissent. Comme on l’a vu plus haut, on donne plus de responsabilités à l’enfant, mais on formule moins de demandes ! C’est précisément ces 2 actions complémentaires qui vont le valoriser et nourrir son besoin d’autonomie et de différenciation, tout en ramenant de la coopération et en sécurisant sa place au sein du groupe : il/elle a un rôle (en plus de notre amour inconditionnel bien sûr!).

 

3. Et sur le moment, on fait quoi concrètement ?

Voici quelques outils pour sortir de la répétition ou de la menace… sans crier :

🎵 Changer l’ambiance

Quand nos enfants sont dans des phases d’opposition, le fait de créer plus consciemment une atmosphère motivante ou apaisante dans l’espace familial peut avoir un effet plus important qu’on ne le pense : par exemple, mettre une playlist familiale qui plaît à tout le monde peut changer la dynamique et ramener de la coopération (parce que cela nous rassemble en tant que famille !).

🎲 Passer par le jeu

Passer par le jeu est TOUJOURS une bonne idée pour ramener de la coopération, car cela permet à notre enfant de passer de la résistance à l’enthousiasme. Les phases d’affirmation peuvent être des moments où nos enfants adorent relever des défis, par exemple : “Tu mets tes chaussures avant la fin de la chanson ? Allez 3, 2, 1… go !”. Attention simplement à proposer des jeux/défis que nos enfants sont capables de relever, le but n’est pas de briser leur affirmation, mais au contraire de l’accompagner et de les valoriser ! 

❓Poser des questions

Formuler des questions plutôt que des demandes permet d’éviter la résistance tout en renforçant les compétences et l’autonomie de notre enfant. C’est aussi une bonne façon pour nous d’éviter d’avoir le sentiment de répéter mille fois les mêmes choses. Par exemple, au lieu de demander encore et encore à notre enfant de mettre ses chaussures, on peut le guider au travers de questions comme :

Ce type de question active la réflexion, l’autonomie… et l’envie d’agir !

🤝 Faire équipe

Enfin, et c’est très important, nos enfants ont vraiment besoin, dans ces moments en particulier, que l’on fasse équipe avec eux ! Valoriser les moments où ils font rapidement ce qui est attendu d’eux est beaucoup plus efficaces et beaucoup plus agréable pour tout le monde que de pointer le fait qu’ils n’écoutent pas (par ex. “Génial, tu as mis tes chaussures, allez hop, on y va” en faisant un check-main ensemble).

 

❤️ En résumé : l’opposition, ce n’est pas CONTRE nous, mais POUR leur propore développement !

Les périodes d’opposition sont parfois épuisantes, mais elles sont le signe d’un développement sain. En nourrissant à la fois le besoin de sécurité (attachement) et celui d’autonomie (exploration et autodétermination), on évite les jeux de pouvoir, et on invite à une coopération durable.

Et si, malgré tout, vous vous surprenez à menacer ou à crier… respirez. Aucun parent ne reste parfaitement calme en toutes circonstances. L’important, c’est le lien, la réparation, et les ajustements au quotidien !

 

 

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