Bonjour à toutes et à tous,

Aujourd’hui, j’avais envie de vous parler d’un gros gros GROS tabou qui entoure la naissance, et qui pourtant n’aurait QUE des avantages à être brisé, c’est celui de la masturbation durant l’accouchement. Alors vous vous dîtes peut-être mais qu’est-ce qu’il lui prend, ça y est elle devient barjo etc, mais si vous allez jusqu’au bout de l’article (et même au milieu en fait) vous allez très vite comprendre qu’au-delà de notre première réaction de rejet (en tout cas très fréquente), il y a des phénomènes naturels logiques, et que la masturbation est tout simplement un véritable outil pour vivre un accouchement rapide, physiologique, sûr, et avec le moins de douleur possible, ou en tout cas, une douleur gérable. J’avoue que j’ai hésité à poster cet article, n’ayant aucune idée de la façon dont il peut être lu et reçu, mais si je ne partage pas ce qui me tient à coeur, si je ne parle pas de ce dont on ne parle pas, et que j’écris uniquement en proposant des sujets et des outils que l’on retrouve partout ailleurs, alors à quoi bon faire un blog, à quoi bon écrire?

Je vous souhaite donc une bonne lecture, en espérant quelle vous permette d’envisager la naissance sous un angle un peu différent de ce que l’on se représente en général.

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La masturbation, le tabou

Évidemment, la masturbation féminine, en règle générale c’est déjà un bon gros tabou, associée à la naissance, on peut difficilement faire pire en terme de choc des idées. Plus généralement, nous vivons dans une culture qui sépare de manière très tranchée la sexualité, de la maternité. Les mères, les femmes enceintes peuvent à la limite être désirables (elles doivent rester un minimum sexy et « retrouver leur sexualité » auprès de leur compagnon assez rapidement), mais une mère désirante, ça, ça sent le souffre et le scandale, et ça ne court pas les rues, ni les films, ni livres, etc. Non, une maman, ça reste auprès de son bébé et ça « retrouve sa sexualité » avec son compagnon, quelques temps après la naissance, basta. Je caricature un peu le trait, mais franchement on n’en est pas loin, et nous pourrions en parler plus longuement si le sujet vous intéresse (j’ai réalisé mon mémoire de fin de formation sur la sexualité dans la période périnatale, donc j’ai de quoi alimenter la discussion!).

Pour en revenir à l’accouchement et à la masturbation, cela reste donc encore très tabou d’envisager du plaisir, et du plaisir sexuel, au moment de la naissance. Il y a comme une idée incestueuse quand on observe cette idée pour la première fois, comme si le fait de ressentir une forme de bien-être en stimulant une zone de notre corps, au moment de l’arrivée de notre bébé, pouvait lui faire du mal, ou créer un malaise. Pourtant, si on observe cette idée avec plus d’attention, on peut vite comprendre qu’elle est irrationnelle, et même au-delà, que la masturbation peut au contraire faciliter la naissance, et même la construction d’un lien mère-enfant sain et solide. En fait, cela tient beaucoup au fait que l’on imagine par « masturbation » quelque chose de très sexuel, que l’on approche de ce que nous vivons avec nos partenaires, alors que par « masturbation », nous pourrions tout simplement entendre « stimulation d’une zone de notre corps dans le but de produire bien-être et relâchement les plus puissants possibles  ». Cela peut donc être la stimulation/caresse du clitoris, de la vulve, des seins, du bas du dos, ou même des lobes des oreilles si c’est ça qui nous tente! L’important, c’est que cela nous fasse du bien, pas au sens de « jouir », mais au sens de provoquer une sensation de bien-être puissante dans notre corps.IMG_20180925_121730_692.jpg

trouvée sur @lesmeufs.fr

 

 

Les intérêts de la masturbation

L’intérêt majeur de la masturbation durant la naissance, c’est que c’est un geste qui va produire dans notre corps de l’ocytocine, une des hormones clefs de la naissance.

– Un accouchement plus rapide et plus sûr: l’ocytocine, c’est l’hormone qui déclenche les contractions, et qui va donc permettre l’ouverture du col de l’utérus. Plus notre corps fabrique de l’ocytocine, plus notre utérus va se contracter de manière efficace, et plus notre col va s’ouvrir rapidement. Et en règle général, un accouchement rapide est un accouchement sans problème, puisque les problèmes surviennent quand le bébé ou la maman sont en difficulté pour que l’accouchement arrive à son terme. Lors d’une naissance, tout devrait donc être mis en place pour que les femmes puissent produire naturellement de grandes quantités d’ocytocine. L’intimité physique et le plaisir sont des moyens très très efficaces de produire cette hormone, que l’on retrouve dans notre corps dès que quelqu’un nous prend dans ses bras, ou que nous faisons l’amour, par exemple.

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– Un périnée moins fragilisé: de la même manière, la masturbation va aider le périnée à s’ouvrir et à s’assouplir au moment du passage de l’enfant. On comprend assez facilement que lorsqu’on éprouve une douleur, notre corps se fige et se crispe, ce qui, au moment de la naissance, ne fait qu’accentuer la douleur, puisque le périnée est un muscle, et qu’il faut au contraire qu’il soit souple et détendu, pour laisser passer nos bébés. Plus le périnée est dur et contracté, plus le bébé force, et plus nous risquons des déchirures importantes, et/ou l’intervention médicale sous forme de ventouses, de spatules ou d’épisiotomie. A l’inverse, si nous éprouvons une forme de plaisir, de bien-être, notre corps et notre périnée vont se relâcher, se détendre, et donc s’ouvrir plus facilement, ce qui va permettre au périnée d’user de son élasticité naturelle pour laisser passer notre bébé, le plus facilement possible, au moment de la poussée.

– Un bel attachement mère-enfant: par ailleurs, l’ocytocine crée aussi chez les humains un fort sentiment d’attachement, c’est d’ailleurs pour cela qu’on appelle cette hormone l’hormone de l’amour. Lorsque notre corps produit de l’ocytocine grâce ou en présence de quelqu’un, nous ressentons de l’amour et de l’attachement pour cette personne, c’est chimique et physiologique. C’est quand même magique tellement c’est bien fait: nos bébés naissent avec un besoin intense de notre attention et de notre amour, et pour mettre au monde nos bébés, nous avons besoin d’ocytocine, qui provoque ce sentiment d’amour dont nos bébés ont tellement besoin! Vous suivez? Par conséquent, là encore, le fait de fabriquer le plus d’ocytocine possible va aider tout notre être à développer un fort sentiment d’amour pour notre bébé. Et puis je pense qu’on est d’accord: souffrir, avoir le périnée déchiré, et vivre un accouchement de 16 heures, ça n’empêche pas d’aimer son bébé, mais si on peut se l’éviter, et accueillir son bébé plus vite, de manière plus sûre, avec un périnée sain et sauf, et donc récupérer plus vite, le tout en étant pleine d’ocytocine, et bien ça va nous aider à être plus dispo et plus sereine pour notre bébé. Tout ça en se stimulant le lobe de l’oreille, là franchement, je dis banco!

– Un geste autonome: pour en revenir à l’ocytocine, il est vrai que dans les hôpitaux et les cliniques, lorsqu’un accouchement commence à durer, que les contractions ne sont pas très efficaces, ou que la maman et/ou le bébé fatiguent, le personnel médical peut proposer de faire une injection de Syntocinon, qui est en fait de l’ocytocine de synthèse. (Ils peuvent aussi le faire sans demander l’avis de la maman, mais ça normalement c’est interdit par la loi). Ça peut être une solution, et c’est bien sûr parfois une très bonne option. Malheureusement ou heureusement, le Syntocinon ne remplace pas complètement l’ocytocine naturelle produite par notre corps. D’abord notre corps dose exactement la quantité d’hormones dont nous avons besoin, à l’instant T, de manière relativement progressive, ce qui fait que l’accouchement se fait par paliers, et que cela reste, en général, supportable, contrairement à une injection qui va « forcer » le corps, en envoyant une grosse dose d’ocytocine, mettant tout notre organisme en branle-bas de combat alors que nous ne sommes peut-être pas prête, tout simplement. Ensuite, notre corps reçoit le message que ok, il y a de l’ocytocine, donc plus besoin d’en produire, et ça c’est un peu dommage, car des études commencent à montrer que si le Syntocinon a bien un effet mécanique qui relance les contractions, il n’aurait pas l’effet « hormone de l’amour » qui induit un attachement fort de la mère pour son enfant. Alors, ça ne veut pas dire qu’on ne va pas aimer nos bébés, mais que la façon dont nous sommes prévues pour fonctionner avec nos bébés va être un peu modifiée, comme un petit grain de sable dans notre engrenage. Dans certains cas un petit grain de sable n’affectera jamais la « machine », mais pour d’autres, peut-être plus vulnérables, ou lorsque les grains de sable s’accumulent, ça peut finir par faire caler les rouages. Donc le Syntocinon, pas forcément grave, mais à questionner: qu’est-ce que je veux pour moi, pour mon bébé, pour mon accouchement?

Personnellement, je rêve d’un monde où, dans les hôpitaux ou les cliniques, lorsqu’un accouchement ralentit, le personnel médical pourrait proposer d’abord et avant tout aux femmes de stimuler leur ocytocine naturellement, en utilisant les moyens qui leur sembleront les plus appropriés, et donc, pourquoi pas, celui très efficace de la masturbation, plutôt que de faire directement et parfois sans consentement, une injection d’ocytocine de synthèse.
Ou d’un monde où les femmes pourraient dire au personnel médical « ok pour le Syntocinon si ça ne fonctionne pas, mais je voudrais d’abord essayer en prenant un moment avec mon conjoint/en prenant un bain/en me mettant dans le noir, avec ma playlist de naissance pour me remettre dans ma bulle/ ou tout autre moyen qui me paraîtra bon, dont, pourquoi pas, celui de se stimuler le lobe de l’oreille ou le clitoris. »

Et ça, oui, ça serait selon moi, un beau moyen de restaurer notre autonomie dans la naissance. Ça oui, ce serait un beau geste féministe, à titre individuel, et collectif. (Et j’ai tellement ri en lisant un passage d’un livre dans lequel une sage-femme raconte la première fois qu’elle a vu une femme se masturber pendant son accouchement! J’ai trouvé génial que cette professionnelle se remette en question instantanément et pratique le « hands off » en se disant « ok, cette femme fait comme elle le sent », plutôt que de tenter de l’en empêcher en lui proposant autre chose pour rendre le moment plus « convenable »).

Bref, parfois je trouve que l’on a tendance à mettre en avant les choses dont il vaudrait mieux se passer, pour rester dans un accouchement physiologique/naturel: pas de péridurale, pas d’épisio, pas de ventouses, pas de ci pas de ça. Ok, mais quoi alors? Et bien, mesdames, pourquoi pas ça?

 

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Maisie Cousins

Voilà, je vous laisse à ces réflexions, je vous souhaite une belle journée, et je vous dis à très bientôt dans les Mots Doux ou sur les réseaux sociaux!

Prenez bien soin de vous,

Kristelle

 

 

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