Bonjour à toutes et à tous!,

Aujourd’hui, je ne vous propose pas un article mais un texte (encore plus) personnel, car vous avez été nombreuses ces derniers jours à me poser des questions en privé, sur les réseaux sociaux et par mail, à propos de la naissance de Saule.
Je vous avoue que ce n’est pas un sujet que j’avais prévu d’aborder ici sur le site: le but de cette page est de partager de l’information sur la maternité, et pas de faire la promotion de l’accouchement à domicile, ni de faire de ce site une plateforme pour raconter ma vie privée! Cela dit, deux choses m’ont finalement décidée, vos demandes d’abord, et le fait qu’il est plus facile pour moi de faire une fois le récit de cette naissance, plutôt que de le faire des dizaines de fois en message privé (oui, c’est mon côté pragmatique de fin de grossesse qui parle!).
L’autre aspect qui m’a finalement résolue à vous faire ce récit, c’est que lorsque j’étais enceinte de Saule j’ai moi-même lu beaucoup de récits d’accouchements à domicile, que ça m’a aidé à « comprendre » les différentes phases de la naissance, et à pouvoir anticiper, projeter, me représenter ce que pouvait être un accouchement sans aucune médicalisation. Ces lectures étaient très positives pour moi, elles ont clairement participé à ancrer en moi la croyance/le savoir que OUI, lorsque la grossesse est physiologique (qu’on ne rencontre aucun problème de santé qui devienne pathologique), en général, l’accouchement peut tout à fait être physiologique, et que ça peut être un moment magique, sans danger ni souffrance.

En lisant tous ces récits d’accouchement, j’ai aussi pu commencer à comprendre les « grandes phases » de la mise au monde, puisque globalement, bien que chacune ait un rythme particulier, nous traversons toutes les mêmes phases, qui peuvent avoir des durées et des intensités différentes, mais qui correspondent à la progression du bébé dans notre corps, et qui donc se retrouvent presque toujours d’un accouchement à l’autre, que l’on en ait conscience ou non d’ailleurs. Cette progression de l’accouchement, je l’ai vue en cours de préparation à la naissance, puis je l’ai ensuite « apprise » de manière plus formelle lors de ma formation au Cefap, mais au moment où Saule est né je n’avais pas toutes ces connaissances ou elles restaient assez théoriques, et la lecture de récits de naissance m’a donc permis d’avoir comme une carte géographique de l’accouchement, et une petite boussole qui m’a aidé à me dire à chaque étape, que les choses progressaient, que tout se déroulait « normalement », et de ne pas me sentir surprise ou perdue (ou le moins possible disons!), pendant mon accouchement.

Bref, donc tout ça pour dire que les récits d’accouchement à domicile m’ont personnellement aidé, et que par conséquent ça semble aussi un juste retour des choses que je puisse à mon tour partager mon vécu pour peut-être apporter à d’autres (vous!) ce dont j’ai moi-même pu bénéficier!

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Avant d’entrer dans le vif du sujet, je voudrais vous faire deux petites recommandations:

 

Voilà, ces petites précautions/recommandations prises, j’ai encore une dernière chose à ajouter avant d’en arriver au récit du jour J, et c’est tout simplement de vous donner un minimum le contexte de cette naissance, car on n’arrive pas le jour de son accouchement avec une page blanche à écrire: il y a déjà toute la grossesse en toile de fond, et éventuellement l’histoire de la conception, du désir d’enfant, et tout ce qui peut déjà avoir commencé à faire de nous des mères et des pères (n’oublions pas les hommes dans nos histoires de naissance!!!).

Donc je vais faire court mais il me semble qu’il est nécessaire de vous planter le décor! Saule est né à une semaine de son terme, après une grossesse tout à fait « classique » sur le plan physiologique: nous n’avons rencontré aucun problème de santé particulier durant tout le temps de la gestation. Cependant, avant d’être enceinte de Saule, j’avais déjà porté un petit bébé dont la vie s’est arrêtée avant que la grossesse ne puisse arriver à son terme. Je ne vais pas raconter ici cette histoire en détail, mais elle a quand même son importance dans l’histoire de la naissance de Saule, car au moment d’accoucher, j’avais déjà vécu une première mise au monde: j’ai en effet accouché de ce bébé sans vie, à l’hôpital, par déclenchement. C’était un tout petit bébé, et je n’ai pas ressenti de contractions très longtemps, mais elles ont été perçues comme assez douloureuses, sur un temps assez court (malgré la péridurale dont j’ai bénéficié). L’équipe médicale et en particulier les sages-femmes de l’hôpital ont été vraiment super, et nous nous sommes sentis très soutenus et entourés dans cette épreuve.
Au moment de la naissance de Saule, je ne savais donc pas vraiment à quoi m’attendre, car évidemment tout était différent de mon premier accouchement, et en même temps, mon corps et mon esprit avaient sans aucun doute déjà une forme de mémoire de ce vécu. Et puis cette première expérience douloureuse a eu évidemment un grand impact sur la façon dont j’ai vécu la grossesse de Saule, nos craintes, nos joies, nos appréhensions, nos espoirs etc… C’est sans doute cette expérience qui m’a poussé également à m’informer d’avantage, car j’ai dû trouver des ressources pour me permettre de vivre la grossesse de Saule le plus sereinement possible malgré ce vécu difficile dont nous sortions tout juste (je suis tombée enceinte de Saule trois mois après la perte de notre premier bébé).

Et c’est donc à peu près au milieu de ma grossesse que le choix de l’accouchement à domicile à commencé à se profiler. En fait, mon souhait d’origine n’était pas de mettre Saule au monde chez nous, car comme je l’ai dit, l’hôpital avait été une ressource plutôt positive pour nous, mais précisément ce que nous avons vécu nous a, d’une certaine manière, éclairé sur la nécessité (pour nous!), de nous sentir réellement accompagnés dans le moment de la mise au monde. Mon souhait principal était donc de pouvoir accoucher en présence d’un professionnel qui aurait suivi la grossesse, qui nous connaîtrait, mon conjoint et moi, en qui nous aurions confiance et qui saurait nous accompagner également dans le post-partum. Pour moi, l’enfantement est un moment extrêmement intime et j’ai du mal à me le représenter en présence (voire au milieu) d’inconnus, si rien ne le nécessite évidemment.
A partir de ce souhait, j’avais donc d’abord envisagé un accouchement en plateau-technique (l’hôpital met à disposition une salle d’accouchement où le couple et leur sage-femme peuvent mettre au monde leur enfant, sans que le personnel médical de l’hôpital n’intervienne, mais que l’on puisse bénéficier des soins nécessaires au plus vite si toutefois une urgence se présentait). Cette option me semblait être la plus satisfaisante et la plus rassurante pour notre bébé, pour mon compagnon et pour moi-même. Mais il se trouve que ce n’était pas envisageable, car aucun établissement ne proposait cette option autour de chez nous. Il ne restait donc plus que deux possibilités: accoucher à l’hôpital avec une équipe inconnue et tout ce que cela implique dans le protocole médical, ou accoucher à domicile avec ma sage-femme. Après beaucoup de réflexion et de prise d’informations, nous avons donc décidé que, si c’était possible, nous accoucherions à domicile.

 

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Je ne sais pas comment procèdent l’ensemble des sages-femmes qui pratiquent les accouchements à domicile, mais ma sage-femme prévoit un protocole dans lequel nous devons:

Une fois entrés dans le neuvième mois, nous voilà donc en quête de ce matériel, et ce n’est que si tous les signaux sont au vert durant le dernier mois de la grossesse que l’on peut se dire: ok, maintenant, je vais accoucher à la maison. Ce qui veut dire que la préparation que j’ai faite pour accoucher à domicile (yoga et auto-hypnose), je l’ai faîte en me disant que je pourrais tout aussi bien accoucher à l’hôpital, si la grossesse venait à se compliquer, ou si j’accouchais prématurément ou si ou si … Il ne s’agit pas de se faire peur et de perdre notre confiance en nous-même, mais de rester ouverte sur le fait que nous avons un projet, et qu‘il peut y avoir des modifications dans ce projet: nous étions bien placés pour le savoir aux vues de l’issue de ma première grossesse.

Et donc dans ce neuvième mois de grossesse, un soir, après un dîner avec des amis, vers minuit et demi, je n’arrivais pas à dormir et commençais à tourner en rond en ressentant comme des crampes au niveau du ventre.
A ce moment-là, Benjamin était encore en train de dire au revoir à nos invités, et j’avais vraiment très très envie qu’il vienne me rejoindre et qu’il soit prêt de moi. Je me rappelle être allée voir à la fenêtre s’il revenait vers la maison, ou s’il était encore dans le jardin à raccompagner nos amis.
Quand il m’a finalement rejoint, je crois lui avoir dit que je pensais avoir des petites contractions, et j’ai sûrement dû dire en plaisantant que ce serait peut-être bien pour cette nuit. A une semaine du terme, ça paraissait possible, mais ma (super!) sage-femme m’avait bien briefée: on ne met pas la charrue avant les boeufs aux premières contractions. Je restais donc relativement tranquille, à observer ce qui se passait dans mon corps, sans me focaliser spécialement sur le fait que j’étais peut-être en train de commencer à vivre mon accouchement. Je me rappelle aussi qu’une amie m’avait dit que pour elle, le mieux avait été de ne pas regarder l’heure, de ne pas « mesurer » les contractions, de ne pas compter le temps. Ici, nous entrons dans une zone où le temps n’est plus le temps, où c’est notre corps qui donne le tempo, et la notion de temps « long » ou « court » revient à nos sensations, et non à la course de l’aiguille sur le cadran d’une montre.
Je n’ai donc pas vraiment prêté attention au rythme des contractions, mais par contre je commençais à avoir la certitude qu’il s’agissait bien de contractions.
Benjamin de son côté vivait forcément les choses un peu différemment puisque lui n’avait pas les sensations dans son corps: il a donc commencé à compter et à me demander si j’avais vraiment mal, et comment, et si tout était normal. Evidemment, ça devait être assez stressant pour lui. Pour ne pas nous laisser gagner par ce stress, on a convenu qu’il se repose un peu (moi je ne pouvais plus dormir, je marchais dans la chambre), et qu’on appellerait notre sage-femme si les choses s’intensifiaient. A ce moment-là, on s’est quand même donné un repère temporel: on appelle dans une heure si ça s’amplifie. Il était donc à peu près 3h (du matin). Je continuais de me sentir vraiment « bien », je me souviens d’avoir surtout la curiosité de ce qui allait suivre, et l’excitation de me dire que mon bébé arrivait peut-être bientôt.

L’heure que nous nous étions fixée est passée peu à peu, et bien que je ne ressente pas de douleur, je savais que j’étais maintenant en travail, et il était sûr pour moi que quelque chose était véritablement en route: je commençais à avoir vraiment besoin de souffler pendant les contractions, à m’arrêter pour les laisser passer, et j’avais réveillé Benjamin pour lui dire que là pour moi c’était sûr, l’accouchement était lancé.
Comme convenu, nous avons téléphoné à notre sage-femme, qui a répondu immédiatement et qui m’a écouté pendant plusieurs contractions pour estimer l’avancée du travail. A ce stade je n’avais pas perdu les eaux, et je pouvais avoir une conversation normale au téléphone entre deux contractions. Je me souviens que c’était un peu étrange de lui parler au milieu de la nuit, puis de m’interrompre pour souffler, de sentir sa présence à travers le téléphone. Je me rappelle que je ne voulais pas trop en faire (parce que je n’avais pas mal), mais que j’avais quand même envie qu’elle sente que les choses s’intensifiaient (parce que c’était le cas pour moi). Elle m’a dit qu’elle préparait ses affaires, mais que visiblement il n’y avait pas d’urgence, et que je devais la rappeler si je perçais la poche des eaux, ou si les choses devenaient soudain beaucoup plus intenses, que sinon on se rappelait dans une heure.

Nous étions super rassurés de la savoir au courant de la situation, et qu’elle estime que tout allait bien, et de sentir que tout se passait bien. Il n’y avait qu’à attendre. Dans l’heure qui a suivi, le travail a continué à progresser: je ne pouvais plus marcher, et j’ai commencé à vraiment me déconnecter de ce qui se passait autour de moi, à me laisser emporter par les vagues de contractions. Je n’ai pas tellement de souvenirs précis: je me rappelle m’être installée sur mon lit, en appui sur mes avant-bras et coudes, à quatre pattes. Je ne sais pas ce que Benjamin faisait, je sais juste qu’il était près de moi. Je ne me rappelle pas le coup de téléphone à notre sage-femme (vers 5h30 donc), c’est Benjamin qui l’a passé, et qui a tendu le combiné vers moi pour qu’elle entende mes contractions. La poche des eaux n’était toujours pas percée, et je n’avais pas « mal », mais à ma respiration et aux sons que je faisais ma sage-femme a sans doute estimé que le travail avançait vraiment car je me souviens juste avoir entendu « j’arrive, je suis là dans un quart d’heure, vingt minutes ». Pour moi tout se passait bien, et de savoir qu’elle serait bientôt là m’a encore rassuré un peu plus.

Entre ce coup de téléphone et son arrivée, je n’avais pas changé de position et je commençais à avoir les jambes qui tremblaient à cause de l’effort musculaire fourni par mon corps. Je me rappelle que je me balançais beaucoup dans cette position, et que c’était vraiment confortable de pouvoir vivre les contractions comme ça. Je me souviens de la lumière tamisée, de l’atmosphère à la fois calme et un peu électrique dans notre chambre. Tout était assez doux, sans à-coups, tout suivait le rythme de mes contractions, toujours plus intenses et plus profondes, comme une plongée dans des eaux de plus en plus lointaines.
Puis ma sage-femme est arrivée, et c’était vraiment bien de la voir et je crois que Benjamin aussi était rassuré et content qu’elle soit là maintenant.

Elle m’a demandé si j’étais d’accord pour qu’elle m’examine avec un toucher vaginal pour savoir où en était mon col, et j’étais ok: j’avais aussi envie de savoir où j’en étais. A ce stade du travail, je me disais que ça serait bien si j’en étais à 5. Je me disais que je pourrais encore refaire le même chemin, « tranquillement » dans cette position que j’avais trouvé. Elle m’a donc examiné, et m’a annoncé que j’étais quasiment à dilatation complète! C’était une super surprise pour moi, j’étais heureuse et étonnée que la dilatation se soit si bien passée!
Notre sage-femme m’a proposé de me redresser un peu si je le voulais, pour voir si le bébé s’engageait maintenant dans mon bassin, et avec son aide et celle de Benjamin (j’avais les jambes ultra flageollantes), je me suis levée, et j’ai effectivement ressenti presque tout de suite le bébé descendre à travers moi. C’était une sensation complètement bizarre, ni agréable ni désagréable: j’ai vraiment eu la sensation de ses os contre les miens, de sa descente, de son effort et de la gravité qui l’entraînait vers le bas de mon corps. Ça n’a pas duré longtemps, mais l’image qui me reste aujourd’hui est celle d’un boa (moi) qui aurait senti passer un autre animal dans son ventre! (C’était plutôt rigolo, même si à ce moment-là ce qui se passait était tellement fort que personne n’a ri, j’étais surtout émerveillée, surprise, super émue par cette sensation du corps de mon bébé qui « descendait l’escalier » jusqu’à nous!).

Je n’ai aucune idée du rythme auquel le temps passait, ce que je sais c’est que notre sage-femme est arrivée vers 6h, et qu’ensuite, une fois notre bébé engagé dans mon bassin, l’accouchement a commencé à me sembler long. Je commençais à ressentir de la fatigue physique et mentale, me redresser m’avait demander un vrai effort, et je sentais sans doute inconsciemment qu’on entrait dans une nouvelle phase du travail qui allait me demander de nouvelles ressources.
Honnêtement, je ne pourrais pas dire avec précision comment ni dans quel ordre les choses se sont ensuite passées. Dans mon souvenir, il y a eu un temps de latence durant lequel « rien de plus » ne se passait. J’avais sans doute toujours des contractions, j’avais près de moi Benjamin et notre sage-femme, mais je ne me rappelle pas de ce temps-là.

Mes souvenirs reviennent quand j’ai commencé à sentir ce qui me semblait être des contractions très très basses, qui poussaient tout le bas de mon corps vers l’extérieur avec une force et même une violence que je n’aurais pas pu imaginer, et que je ne pouvais pas contrôler. Il y a eu comme ça peut-être deux ou trois contractions, et là, j’ai vraiment ressenti pour la première fois depuis le tout début de l’accouchement, une grande peur: entre chacune de ces contractions, je ne pouvais que me dire que je ne voulais pas que ça recommence. Je ne voulais pas ressentir ça. J’avais peur. Je voulais que l’accouchement s’arrête maintenant. J’étais fatiguée et je me disais que je n’arriverais pas à mobiliser suffisamment d’énergie pour supporter ça, ces contractions-là. Et là, vraiment, heureusement que notre sage-femme était là. C’est elle qui m’a reconnectée à la réalité, qui m’a dit que je pouvais le faire, que le bébé était là, tout près. Je ne sais plus à quel moment, elle a proposé que Benjamin me soutienne dans le dos, par les aisselles, pour que je n’ai pas à me tenir sur mes jambes (j’étais semi-assise sur un tabouret d’accouchement). Elle se tenait en face de moi, et je me rappelle très bien de ses paroles: « C’est maintenant qu’il va falloir le faire, et tu vas y arriver ». Elle m’a proposé de toucher mon bébé: sa tête était juste là, à fleur de corps! Moi j’avais envie de lui répondre « coupe coupe coupe tout » (mais ma sage-femme ne pratique pas d’épisiotomie, et je n’avais pas prévu d’en avoir de toutes façons!). J’étais en plein dans la phase de désespérance, ce moment où l’on a l’impression qu’on n’y parviendra jamais, qu’on a déjà tout donné, et surtout que nos sensations sont insupportables. Cela dit, une partie de moi s’est dissocié de l’instant (je ne sais pas comment!), et je me rappelle m’être dit aussi que ça y est, j’y étais, que si je ressentais cette désespérance, mon bébé était vraiment vraiment tout proche: je l’avais lu dans tellement de récits d’accouchement, justement que ça m’a aussi rassuré d’une certaine manière! Et puis j’avais senti sa tête, et j’avais avec moi Benjamin qui m’encourageait et me soutenait et ma sage-femme. Tout ça, toutes ces pensées sont sans doute allées très vite, le temps de quelques contractions de poussées durant lesquelles je refusais d’aller dans cette sensation, et entre lesquelles je me raisonnais, j’écoutais ma sage-femme, je pensais à mon bébé. Et puis à un moment, elle m’a dit « maintenant il faut le faire, il faut que tu le souffles », et je me rappelle m’être dit que ce « maintenant » était un signal, que mon bébé avait besoin de moi, et qu’il fallait que je le sorte de là!. La contraction-poussée suivante n’a pas suffit, mais je l’avais déjà envisagé complètement différemment: j’étais résolue à faire sortir ce bébé. Au temps de repos qui a suivi, je me rappelle avoir essayé de vraiment reprendre des forces, de me rassembler, de me concentrer. Et quand j’ai senti venir la contraction, j’ai mis toute mon énergie dans ce moment, dans cette descente, et je me souviens avoir eu la sensation de vivre quelque chose de tellement primitif, de tellement puissant qu’il n’y a pas vraiment de mot pour le décrire. Là encore, la contraction est passée sans que rien n’ai bougé d’autre que mon état d’esprit, mais à la contraction suivante, j’ai à nouveau mobilisé toutes mes forces et je suis entrée complètement dans la contraction en accompagnant la poussée, et j’ai entendu notre sage-femme pousser une exclamation, et tout de suite après j’avais mon petit Saule contre moi. J’avais réussi! Pas à le mettre au monde (je ne pensais pas si largement à ce moment-là), j’avais réussi à dépasser cette peur, à aller au-delà de cette sensation que j’avais d’abord refusé. J’ai vraiment eu le sentiment d’être passée de l’autre côté de quelque chose, d’avoir franchi une rive, et de ne plus être tout à fait la même. Cette sensation de force, de pouvoir et de puissance que j’ai découvert en moi, pour mon fils, était tout simplement complètement magique, à la fois ultra physique, et très très spirituelle. Et puis son petit corps était parfait contre le mien, je l’ai tout de suite trouvé très très beau, j’étais émerveillée de l’avoir là, contre moi.

Je ne me rappelle pas de la délivrance du placenta, je pense qu’il a dû venir assez rapidement, puisqu’ensuite Benjamin (qui était aussi ému que moi devant notre petit bébé, je me souviens de son sourire et de la façon dont il le regardait!!!), Benjamin et notre sage-femme m’ont portée sur le lit, où je me suis installée avec Saule sur moi, pour vérifier qu’il n’y ait pas de petite membrane de placenta oubliée, et pour voir s’il fallait faire des soins à mon périnée.

Ce moment n’était franchement pas agréable, je n’avais qu’une envie c’était que tout soit fini, de pouvoir me reposer pleinement avec mon bébé, mais il a fallu effectivement me faire quelques points, et heureusement que j’avais Saule contre moi et Benjamin tout prêt sur lesquels me concentrer parce qu’à ce stade je ne voulais plus qu’une chose c’était regarder et toucher mon bébé, et me reposer.
Puis, Saule a pu téter pour la première fois, et je me souviens que j’avais trouvé cette sensation vraiment bizarre, mais j’étais tellement contente qu’il puisse si rapidement venir au sein.

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Contrairement à certaines mamans, je ne dirais pas que je suis tombée instantanément amoureuse de mon bébé. Je l’ai tout de suite trouvé merveilleux, je trouvais que c’était un très beau bébé, j’étais immensément heureuse de l’avoir près de moi, de le sentir, de le toucher, mais il restait un peu « étranger » à moi, finalement. Je ne me rappelle plus combien de temps il a fallu pour que cet amour immense se déploie complètement, pas plus de 3 jours c’est sûr, mais il y a eu comme ça un petit temps de flottement durant lequel cet amour était comme un parachute qui s’ouvre lentement. Cela dit je n’ai pas dormi les premières nuits car j’étais trop occupée à le contempler, je le trouvais merveilleux, je n’en revenais pas qu’il soit si parfait. Mais l’amour maternel, vraiment, je ne peux pas dire qu’il soit venu « instantanément », et je trouve important de le noter, car je sais que je suis loin d’être la seule à vivre ce décalage, et que certaines mères le ressentent pendant plusieurs jours, voire semaines. Ça me paraît donc nécessaire de dire avec honnêteté qu’il m’a fallu un peu plus de temps que mon accouchement pour devenir pleinement la mère de Saule.

Et pour en revenir au temps, si l’on fait le bilan, j’ai donc eu mes premières contractions aux alentours de minuit trente, et ressenti du travail vraiment actif disons vers 4h du matin, et Saule est né à 8h20, et a tété pour la première fois avant 9h. Son cordon a été coupé après qu’il ait cessé de battre, son placenta a été enterré sous un rosier qu’on m’a offert à sa naissance, et toutes les prises de mesures ont été faîtes en ma présence, dans notre chambre, quelques heures après sa naissance.

Voilà.

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Quelle aventure, quel chemin! Pour moi, cet accouchement était vraiment tel que je l’avais souhaité. Et aujourd’hui, alors que je suis à une vingtaine de jours du terme de son petit frère, je me dis que ce que je souhaite pour cette naissance à venir, c’est de pouvoir offrir moins de résistance au moment de la poussée. Je crois que j’étais vraiment très très bien préparée au travail de dilatation, au lâcher prise dans les contractions, mais que le moment de la mise au monde a fait écho à des peurs anciennes et non-résolues, sur lesquelles j’espère avoir un peu avancé depuis!

Voilà, j’espère ne pas vous avoir ennuyées ni surtout effrayées avec ce récit, j’espère qu’il vous aura au contraire donné envie d’en lire d’autres, et surtout d’envisager votre propre accouchement de la manière dont vous le souhaitez pour vous, pour votre bébé, et avec votre conjoint. Benjamin n’aime pas trop (pas du tout!) que je parle de lui et encore moins que je m’exprime en son nom sur internet, donc je n’ai vraiment dit que le minimum sur sa participation, mais sa présence a été pour moi un vrai bonheur pendant toute la naissance de Saule, et je suis vraiment heureuse que nous ayons pu vivre ce moment de cette façon-là tous les trois. Pour nous, enfanter à domicile a aussi signifié un post-partum dans lequel le papa est très actif, car notre sage-femme a vraiment insisté sur la nécessité de rester couchée le plus longtemps possible après la naissance, et par conséquent c’est Benjamin qui a fait tous les premiers soins de Saule, et également les miens pendant au moins une bonne semaine. C’était super de le découvrir en papa qui assure de cette façon-là, et ce qui est assez drôle c’est que lorsque nos amis et famille venaient nous rendre visite, il y a tout un temps où il faisait littéralement la promotion de l’accouchement à domicile et il était intarissable sur le sujet! Mais je vais maintenant m’arrêter là, d’abord parce que cet article est déjà ultra long, et ensuite surtout parce que sinon il va me demander d’effacer ce qui le concerne (et je trouverais ça dommage, car la place qu’il a prise à ce moment-là de notre histoire est pour moi fondatrice de notre de famille actuelle, et que je trouve important de pouvoir le dire: ça fait intégralement partie de la naissance de Saule, et de mon accouchement!).

 

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Voilà, cette fois-ci je m’arrête, et je vous dis à bientôt pour des articles sans doute moins personnels mais je l’espère aussi (voire plus!) intéressants pour vous!

 

Si vous souhaitez lire d’autres récits d’accouchements à domicile, vous pouvez en trouver ici , ici et  ici.

 

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