Olà chères doulas, en cette fin de semaine mondiale des doulas, j’ai envie de vous parler d’un phénomène que l’on pourrait qualifier de burn out de doulas, ou du moins un genre de craquage, de besoin de prendre du repos et même du recul sur notre quotidien de doula.

 

être doula
Naissances Souveraines – doula (Kristelle) et sage-femme (Chloé), crédits photo Antonin Pergod

 

J’ai envie de vous en parler, car je vois souvent ces deux situations : soit « je ne travaille pas assez » soit « je travaille trop », et rarement, finalement, un juste milieu, un point d’équilibre qui viendrait nous permettre de dire « maintenant ça y est, j’ai un rythme de croisière satisfaisant et ça roule ! ». Certes, c’est un vécu très partagé dès lors que l’on est à son compte, mais j’ai l’impression que ce déséquilibre est largement plus présent chez les doulas que chez les autres professionel.les du bien-être et de la périnatalité. 🤷‍♀️

Alors évidemment nous pouvons voir ou avoir quelques contre-exemples en tête, mais cela me semble tout de même une vraie tendance, et je trouve intéressant de pouvoir en discuter.

Plus encore, quand un vécu individuel se répète, on peut se questionner sur la dimension collective et structurelle de la situation dans laquelle ces vécus s’inscrivent. Et ça me paraît intéressant de jeter un œil ici. 👀

 

Ce que je vois beaucoup, ce sont des doulas pleines d’entrain 💃 (vous, moi, mes consoeurs aimées, et quelques soient nos couleurs), qui se lancent dans leurs accompagnements en y mettant tout leur cœur et qui en ressortent parfois chamboulées, parce que la réalité de la naissance aujourd’hui encore, ce sont des violences obstétricales que nous ne sommes pas en posture d’éviter à nos clientes (mais dont nous sommes les témoins indirectes, parfois sans même pouvoir dire ce que nous voyons, par peur de nous mettre en porte à faux vis-à-vis du milieu médical).

Ce que je vois, ce sont des doulas qui, en postnatal, tentent avec toute leur énergie de remplacer tout un village, que nous avons tant de mal à rassembler autour des familles modernes.

Les doulas qui cuisinent, les doulas qui massent, les doulas qui bercent, les doulas qui gardent les enfants parfois, les doulas qui passent un coup de balai, qui accompagnent aussi le couple, qui rassurent sur l’allaitement, qui donnent des tips bien-être, qui pratiquent des cérémonies pour accompagner toutes les transitions symboliques que vivent les familles…

Vous savez, cette fameuse doula couteau-suisse. Cette doula tout terrain. Que nous sommes toutes ou nous avons toutes été. La doula qui donne un cours de portage entre deux portes, parce que la maman n’a pas vraiment le temps d’aller à un atelier, la doula qui réconforte comme elle peut après un enfantement mal vécu, la doula vers qui on revient pour des questions de poids du bébé, du sommeil, de la reprise de la sexualité… Parfois parce qu’il n’y a personne d’autre vers qui se tourner. 💔

 

 

Soutenir les mères
Soutenir les mères – Issu du tournage de Naissances Souveraines, crédits photo Antonin Pergod

 

 

Lors de la dernière session de Accompagnement holistique des naissances, alors que je préparais le contenu pour l’un de nos échanges en live, cette formule m’a frappé : ce ne sont pas les besoins intenses des bébés qui mettent les femmes en burn out, (évidemment). C’est la solitude.

 

La solitude des mères crée le burn out.

La solitude des mères crée le burn out des doulas aussi.

 

Parce que oui, materner la mère, si on est seule à le faire, ça peut être comme materner un bébé : un job impossible à tenir dans la société patriarcale et capitaliste actuelle. Comment pourrions-nous vraiment apporter pleinement aux femmes et aux familles ce dont elles ont vraiment besoin, qui est un tissu social et familial riche et soutenant, juste depuis notre place de doula, payées à l’heure que nous passons auprès des familles (= les familles ne peuvent bien sûr pas nous payer pour être présente aussi longtemps et fréquemment qu’elles en auraient vraiment besoin !).

Et comment vivre cette réalité que nous ne suffisons pas, en fait. Que nous faisons de notre mieux, que nous apportons beaucoup, mais que, malgré tous nos efforts, malgré toute l’énergie que nous y mettons, parfois ça ne suffit pas. Souvent, en réalité ça ne suffit pas.😔

Et d’accompagnement en accompagnement, tantôt joyeux, lumineux, porteurs d’espoir, tantôt avec ce constat doux-amer que nous avons fait de notre mieux, et que c’est déjà beaucoup, notre posture se durcit parfois, notre fatigue prend parfois le pas, et nous en venons à questionner le sens de tout cela.

Est-ce que c’est bien ce que j’ai voulu ? Est-ce que c’est bien ce pour quoi j’ai fait ce choix, devenir doula ?
Me sentir si souvent impuissante face à la douleur des mères ?

Ils font pleurer tant de doulas, ces quelques mots : j’ai fait de mon mieux. Jusqu’à finalement ne plus vouloir faire, ou différemment, depuis une autre place, où l’on retrouverait une forme de liberté que l’on a parfois perdue de vue, sous un autre nom peut-être ?…

 

Naissances Souveraines
Tournage Naissances Souveraines, crédits photo Antonin Pergod

 

Ce que je trouve beau, c’est qu’elle est vivante et mouvante, cette réalité des doulas. D’hier à aujourd’hui. D’aujourd’hui à demain. C’est une posture. C’est une façon d’être au monde pour certaines. C’est cette fatigue parfois, oui. Mais pouvons-nous cesser d’être doula dans notre cœur ? Je ne le crois pas. 🔥

Lors d’un échange dans le cadre de Entreprenariat Sacré, l’une des participantes chère à mon cœur, qui était aussi une consoeur de ma formation initiale m’a dit qu’elle avait découvert que sa grand-mère était, d’une certaine manière, doula. Elle était celle que l’on appelait dans son village, dans sa communauté, quand une naissance survenait, en plus de la sage-femme. Mais ce n’était pas son métier principal. Plus tard, j’ai lu dans des documents qui parlent de la naissance en Europe, qu’il y avait des femmes qui accompagnaient les naissances, et que ces femmes étaient souvent des personnes aisées : car elles pouvaient quitter leur propre famille et leur activité le temps de la naissance. Cela m’a également fait réfléchir.

On se demande souvent, lorsque l’on se lance dans une formation de doula, puis dans cette activité : est-ce qu’il est vraiment possible de vivre de ce métier, et par là on entend le plus souvent (il me semble), financièrement parlant. De mon côté, je me questionne de plus en plus sur l’impact, à moyen terme, de cette dimension financière ajoutée à toute la fatigue dont nous venons de parler.

 

Prendre soin de soi
Prendre soin de soi en tant que doula – lors du week-end « A la rencontre des doulas » chez Julie Toutin

 

Peut-on durer dans le temps, sans s’épuiser, et comment, lorsque l’on n’a pas d’autre activité professionnelle à côté qui nous permette de ne pas enchaîner les accompagnements et la fatigue physique et émotionnelle qui va avec ?

C’est une vraie question que je pose là, que j’avais envie de partager avec vous, et sur laquelle je serai heureuse d’avoir votre ressenti et votre regard chères consoeurs ! Il se peut que vous soyez nombreuses à m’écrire pour me dire que NON, les doulas ne sont pas en burn-out, même après des années d’accompagnements, et je serais ravie alors d’éditer cet article en incluant vos retours !

Il se peut aussi que ce que j’observe, vous l’ayez observé aussi, et je serais heureuse d’avoir vos retours, de savoir ce que vous avez pu mettre en place pour prendre soin de vous, pour vous préserver et garder votre bel élan de cœur.

Voilà chères belles doulas, j’ai hâte de lire vos retours si vous souhaitez m’en faire, d’échanger avec vous plus directement sur nos réseaux sur ce sujet, et je vous envoie mes plus belles pensées pour cette fin de semaine internationale des doulas, et vous dis à très bientôt dans la Lettre des Doulas, que je vous envoie une fois par mois, et/ou celle des Soulpreneuses que vous recevez chaque vendredi !

Prenez bien soin de vous,

 

Kristelle 🌿

 

 

 

La Lettre des Soulpreneuses

Restons en lien

Reçois chaque vendredi la Lettre des Soulpreneuses pour le meilleur de l’entreprenariat holistique : des tips stratégies et mindset, des partages inspirants et des contenus exclusifs plus persos !

Hâte de te retrouver dans ta boîte mail !

Je m'abonne à la newsletter