Bonjour tout le monde,
Aujourd’hui j’ai eu envie de vous parler de la notion d’aide durant la période périnatale, car je constate à la fois dans ma vie personnelle et dans ma vie professionnelle, que bien souvent, nous avons du mal à nous laisser aider. Cette question de l’aide que l’on anticipe, ou que l’on demande, m’a donc poussé à réfléchir sur les raisons pour lesquelles certaines d’entre nous (moi compris, et de nombreuses clientes que je vois en échange individuels!) ont tellement de mal à passer le cap de demander de l’aide, ou d’en recevoir. Et il me semble qu’il y a vraiment plein de raisons et de mécanismes qui « nous poussent » à ne pas dire quand ça ne va pas, de manière générale, et plus particulièrement quand nous attendons un bébé, ou que nous vivons les premiers mois de vie avec lui. J’en ai mis 4 en avant ici, mais il y a sans doute beaucoup plus, à commencer par l’idée (quand même assez curieuse!), que quand on devient maman, « c’est que du bonheur ». C’est beaucoup de bonheur certes, mais aussi pas mal de fatigue! Se faire aider, ça peut donc devenir important, voire vitale, et je crois de plus en plus que ça peut être très intéressant pour les futures et jeunes mamans de faire le point, en toute honnêteté, sur leur rapport à la notion d’aide.
L’image de la mère qui gère
La première chose qui me vient à l’esprit, et qui nous conditionne beaucoup à ne demander de l’aide, c’est l’image de la mère qui gère, qui assure, qui peut tout faire: être auprès de son bébé non-stop, dans la bienveillance, mais aussi gérer l’intendance de la maison pour lui offrir un cadre de vie au top, mais aussi préparer des repas sains et équilibrés, si possible bio et zéro déchets, mais aussi avoir une vie de couple, si possible sexualisée avec son partenaire, mais aussi travailler quand même un peu, parce que c’est important pour l’équilibre personnel et souvent nécessaire financièrement, mais aussi retrouver une vie sociale, peut-être associative, politique etc, mais aussi prendre du temps pour soi pour des loisirs, du sport, de la méditation, se cultiver, s’informer, mais aussi reprendre une activité physique pour retrouver un corps « au top », comme avant la maternité, le plus vite possible, mais aussi accorder de l’attention à sa famille plus élargie, ses propres parents, sa propre fratrie, mais aussi etc etc… La liste est longue comme un dimanche pluvieux, de tout ce que nous nous imposons de gérer, d’assumer, à la fois concrètement, mentalement et affectivement. Sérieusement, en lisant cette liste, vous n’êtes pas déjà épuisée? Moi oui, et pourtant je sais que j’ai du mal à dire non, même pas forcément aux autres, mais d’abord à moi-même. D’une certaine manière, c’est comme si ce qui importait ce n’était pas que la tâche soit faîte, mais que ce soit moi qui la fasse. Vous voyez ce que je veux dire?
→ Apprenons petit à petit, qu’une super maman, ça peut aussi être une maman qui délègue, qui priorise, qui accepte de ne pas faire, pour prendre le quotidien plus légèrement, plus « à-la-cool », pas seulement pour passer du temps à rire avec les enfants (c’est important oui), mais aussi passer du temps à ne rien faire, juste pour soi!
Sans limite
Ça peut paraître bizarre de se dire qu’alors qu’on se sent submergée, on a du mal à demander de l’aide, voire parfois on la refuse. Et pourtant, combien de fois je me suis entendue dire, quand quelqu’un me proposait un peu de soutien concret: « non c’est bon, ça va aller, mais merci quand même ». Comme si c’était honteux de dire « ok, oui merci, j’ai bien besoin d’un coup de main ». Ça vous fait ça aussi? Je crois que ça vient du fait que nous avons intériorisé que nous, les femmes, les mères, nous devons gérer, coûte que coûte, et quoi qu’il nous en coûte. J’ai constaté que pour moi, ça m’amène à repousser mes limites, et à continuer comme si de rien n’était, même quand je suis épuisée, ou malade. A ne pas écouter les signaux que mon corps ou ma tête m’envoient, de plus en plus fortement. J’ai même eu de vraies « alertes », comme des malaises, ou ma vue qui se troublait pendant une demi-journée, à force de ne pas écouter le besoin de lever le pied, de me décharger en délégant. J’ai donc dû apprendre à me (re)poser des limites, à me dire, d’abord à moi-même, « Non, là, je ne vais pas pouvoir le faire, je dois donner la priorité à mon repos, mon bien-être. » Et j’ai appris petit à petit à l’anticiper, pour ne pas aller jusqu’au malaise, justement.
→ Se fixer des « règles » pour ne pas s’engouffrer dans une spirale où l’on n’arrive plus à lâcher prise, ça peut prendre plein de forme, comme se fixer une limite de temps de travail domestique chaque jour (ici 20 minutes de rangement intensif quotidien, pas plus!), se fixer « alertes-limites » par exemple au-delà de 3 mauvaises nuits d’affilée, demander un relai, quoiqu’il arrive (donc si ça ne peut pas être le conjoint, trouver une autre solution, ou que le conjoint s’adapte). Le contrat minimum vital aide vraiment pour fixer des limites, je vous renvoie à la lecture de cet article si vous ne l’avez pas encore lu!
Les besoins des autres
Un autre « piège » quand on devient maman, et qui n’aide vraiment pas à demander de l’aide, c’est que de manière assez soudaine et forcément déséquilibrée, nous devenons « celle qui aide », justement: notre bébé est entièrement dépendant de nous, et cela nous met dans une posture d’anticipation/réponse à ses besoins continuelle et exclusif, au sens où notre bébé ne nous renvoie pas l’ascenseur évidemment! Il a beau nous combler de joie, de bonheur et d’amour, pour ce qui est de « prendre soin de l’autre », la relation est totalement déséquilibrée, et c’est bien naturel. Cela dit, lorsque nous sommes à ce point immergée dans cette dynamique d’anticipation/réponse aux besoins, dynamique nécessaire au lien mère-enfant, et bien nous pouvons avoir tendance à inconsciemment nous mettre à appliquer ce modèle à d’autres relations, surtout si nous sommes souvent seule avec notre bébé, et si nous sommes la personne qui nous en occupons de manière presque exclusive.
On peut par exemple se mettre à vouloir anticiper les besoins de ses enfants plus grands, de son partenaire, de ses parents etc… Ce qui a souvent comme résultat de les agacer profondément, parce que bien sûr ils ne cherchent plus du tout ce type de relation et ne se rendent même pas compte que nous sommes juste en mode « maman-nouveau-né », avec eux comme avec notre bébé.
Cette situation peut perdurer quelques temps et générer pas mal de frictions et d’incompréhensions!
→ En prendre conscience et cesser de vouloir anticiper les besoins de nos proches, nous permet de ne pas gaspiller cette énergie pour rien, de laisser les autres formuler leurs demandes, et de remettre un peu d’équilibre dans la relation!
Un modèle social d’autonomie
Il faut dire également que la société dans laquelle nous vivons ne place pas l’entraide au coeur de la relation, loin de là. Il suffit de voir comment nous nous comportons, ne serait-ce qu’avec les enfants, pour lesquels notre discours est souvent que grandir = faire seul = plus d’aide. Le chemin de « l’indépendance », dans notre société, c’est de devenir un individu « autonome », et par-là, nous comprenons souvent: qui va vivre seul, qui aura son véhicule à lui seul, qui ne comptera que sur lui-même pour subvenir à ses besoins etc etc. On ne parle absolument pas d’une autonomie affective, ou intellectuelle, mais toujours matérielle, et je trouve donc assez logique qu’il soit difficile de demander de l’aide et du soutien pour les choses du quotidien, très terre-à-terre, car nous pouvons avoir beaucoup de mal à nous imaginer demander à une amie, ou notre cousine, ou notre mère, de laver notre linge, nous faire à manger, et passer l’aspirateur chez nous… quand pourtant c’est ce dont nous aurions parfois besoin! Ce sont des tâches « ingrates », dont on ne parle pas, qui restent masquées, à échelle individuelle et collective (il suffit de voir comme sont peu valorisées et représentées les femmes de ménage par exemple!). Pour demander de l’aide, il va peut-être donc aussi falloir changer notre propre regard, sur l’aide que nous apportons, sur notre relation au travail domestique et à l’entraide au quotidien.
→ On peut se faire une liste des tâches domestiques qui pourraient être faîtes par quelqu’un d’autre, même si on ne demande pas dans l’immédiat, ça permet d’avoir tout de suite une idée quand quelqu’un nous propose de l’aide, car bien souvent, lorsqu’on nous dit « si tu as besoin tu demandes », nous ne savons même pas quoi demander, et nous finissons par répondre l’habituel: « merci ça va aller », parce qu’on se dit qu’on ne va quand même pas demander à notre voisine de nettoyer notre salle de bain, mais on ne pense pas qu’elle pourrait peut-être balader notre chien en même temps que le sien, par exemple!
Par ailleurs, écrire cette liste nous permet de nous rendre compte qu’il y a des choses qui finalement, peuvent très bien être demandées, et plus nous nous habituons à les voir, à les écrire, à les lire, plus nous formulons rapidement et naturellement ces demandes par la suite.
Et ce qui est absolument merveilleux, c’est que plus nous acceptons de l’aide, plus nous avons envie d’aider les autres. Plus nous formulons des demandes pour nous-mêmes, plus nous proposons par la suite de l’aide aux autres, parce que cela devient aussi naturel de placer l’entraide au coeur de la relation. Si nous avons été capable de demander ou d’accepter d’un ami, de s’occuper du plus grand, de tailler les arbres du jardin, ou de nettoyer notre voiture, nous penserons naturellement par la suite qu’il est complètement naturel de proposer à de jeunes parents (ou quelqu’un d’autre qui aurait besoin de soutien concret), le même genre d’aide à notre tour!
Et ça, ça participe à faire de ce monde un monde plus agréable, plus bienveillant, et plus soutenant!
Voilà, j’espère que cet article vous aura ouvert de nouvelles perspectives et vous aura peut-être aider à franchir le pas, pour demander de l’aide, ou en apporter autour de vous – si vous n’êtes pas vous-mêmes dans le besoin! Et si vous sentez le besoin d’aller plus loin et de travailler la notion d’aide, on peut bien sûr en parler lors d’un échange individuel.
Sinon je vous dis à très bientôt sur les réseaux sociaux, et prenez bien soin de vous!
Kristelle
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